Pour qui votez-vous, Aurélien Bellanger ?

En trois romans, La Théorie de l’information, L’Aménagement du territoire et aujourd’hui Le Grand Paris, des titres qui font plus penser à des Que sais-je ? qu’à des romans, Aurélien Bellanger, 36 ans, s’est imposé comme l’un des meilleur romanciers de notre époque. Des trois, Le Grand Paris est le plus directement politique ; il met en scène un conseiller en urbanisme du président Sarkozy, lui recommandant de faire le Grand Paris Express, afin de désenclaver la Seine-Saint-Denis, le 93 comme on dit. Alors pour qui vote Aurélien Bellanger ?

PROPOS RECUEILLIS PAR ARNAUD VIVIANT
PHOTOS PATRICE NORMAND/LEEXTRA

Aurélien Bellanger. Je viens d’une famille très faiblement politisée. Je me rappelle seulement qu’en 1988, mon père était triste, parce qu’il avait voté Chirac et que ma mère était heureuse, parce qu’elle avait voté Mitterrand. Cette faible politisation vient à mon avis de mes origines mayennaises. Je pense que, sous des allures de républicains normaux, les membres de ma famille font partie au fond de leur âme d’un sous-groupe anthropologique, au sens d’Emmanuel Todd, qui n’aurait toujours pas digéré la Révolution française. Même s’ils ont toujours en apparence adopté des attitudes progressistes, je crois qu’ils ont un mépris crypté pour la démocratie et considèrent que l’Ancien Régime n’était pas si mal. Je ne sais pas si l’image est bonne, mais il faut comprendre que ce qu’ont vécu la Vendée et la Mayenne il y a deux cents ans, c’est-à-dire presque à mémoire d’homme, équivaut en termes de violences à ce que connaît la Syrie de nos jours. Comment se fait-il alors qu’elles soient aussi apaisées politiquement désormais ? Bien sûr, en grattant un peu, on découvre qu’il y a des écoles privées hors contrat qui se développent, des choses un peu dures, mais tout ça dans une bonhomie quand même très IIIème République.

Ce que tu racontes fait penser à la célèbre photo de Paris-Match de la famille Fillon devant son château de la Sarthe.

Oui, cette photo que personne n’a su bien voir. Il était évident qu’il y avait un problème d’argent. Le toit était en trop bon état, il y avait trop d’argent sur cette photo. C’est une erreur que commet aussi le cinéma français qui filme les gens en vacances dans de grandes maisons de famille.

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