Najat Vallaud-Belkacem: «Il ne fait plus bon parler de diversité»

Deuxième d’une famille de sept enfants, Najat Belkacem est née au Maroc avant de rejoindre à l’âge de 5 ans, dans le cadre d’un regroupement familial, son père, ouvrier dans le bâtiment. N’attendez pas cependant qu’elle se victimise : elle n’aime pas ça, ce n’est pas son genre. Et la ministre de l’Éducation n’aime pas trop le mot de « diversité » qu’elle aimerait remplacer par celui de « pluralité ».

PROPOS RECUEILLIS PAR MATHILDE CARTON
PORTRAITS NOLWENN BROD

Avez-vous le sentiment d’être un symbole ?

Cette question m’a longtemps agacée. Souvent, quand on cherche des symboles, c’est pour mettre en avant un arbre qui cache mieux la forêt, c’est pour occulter le fait qu’il y a peut-être trop peu de gens comme vous qui arrivent à ce niveau de responsabilité. Voilà le fond du problème.  Or, ce qui guide mon engagement politique, ce n’est justement pas d’être dans la politique du symbole, de l’arbre qui cache la forêt, mais au contraire d’agir structurellement pour que « la forêt s’en sorte ». Depuis que je fais de la politique, j’ai rarement accepté de jouer ce rôle-là ou répondu aux interviews qui portaient sur ce sujet. Force est de constater, malgré tout, que des choses vous dépassent. C’est la première fois qu’une femme est ministre de l’Éducation nationale. Que je le veuille ou non, ça a un sens, ça compte, ça se raconte. Dans un article en anglais, signé, il me semble par un journaliste turc, on voit la photo d’une petite migrante, âgée de 4 ou 5 ans, qui garde des chèvres, accolée à la mienne en tant que ministre. Le papier dit : « Voilà, cette histoire peut exister : “From a Shepherd Girl in Morroco to the Education Minister in France”. » La portée de l’article dépasse les frontières françaises. Il m’a émue.

Vous avez souvent rappelé dans des interviews comment l’école républicaine vous a permis d’arriver là où vous en êtes. Êtes-vous consciente de participer vous-même à ce récit ?

Il faut dire que mon parcours suscite la curiosité de mes interlocuteurs : comment quelqu’un qui est arrivé en France à 5 ans se retrouve au gouvernement ? Je suis bien obligée d’expliquer ce qui m’a permis de contrer le destin qui aurait pu être le mien, et c’est

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