L’utilisation de monnaies contrefaites, en forme de tracts politiques, date des années 20. Elle a servi dans tous les camps durant la Seconde Guerre mondiale et jusqu’à la guerre en Irak. Tous les partis politiques ont joué, à un moment ou un autre de leur histoire, sur l’attraction vicieuse qui pousse un être humain à ramasser par terre ce qui ressemble à un billet de banque… Au risque parfois de s’emmêler les pinceaux.
PAR ZVONIMIR NOVAK
Lors d’une manifestation, en octobre 2011, sur les retraites, de petits attroupements se forment. Des personnes gesticulent, sautent, s’empressent pour attraper des billets de banque. Un braquage qui a mal tourné, une fuite d’espèces en pleine rue ? Non ! Ce sont des faux billets, des tracts en réalité distribués par des militants du NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste), qui provoquent cette cohue. Le slogan écrit au verso du tract « Woerth, Sarkozy DEHORS parce qu’ils le volent bien », ravit d’aise ces manifestants. Cette action d’agitprop est le remake d’une opération déjà menée quelques mois plus tôt par un humoriste. Christophe Alévêque, alias Super Rebelle, annonce sa candidature à l’élection présidentielle de 2012, à l’occasion d’un happening qu’il organise chaque année devant le Fouquet’s depuis l’élection de Nicolas Sarkozy. Une distribution de faux billets de 500 euros, où l’on voit un Sarko à la sauce Gala, donne le ton à son action de promotion.
Pour sa rentrée de septembre 2011, Marine Le Pen fait aussi sa maligne. Une opération symbolique est menée devant l’Assemblée nationale pour dénoncer les 15 milliards jetés par les fenêtres, dans le cadre d’un plan d’aide à la Grèce.
L’idée de diffuser des faux billets pour dénoncer, revendiquer, ou salir débute avec la naissance de la propagande de masse, et le développement de l’action psychologique, tant dans le domaine politique que militaire. Alors pourquoi ? Prolétaires comme bourgeois, vieux comme jeunes, la couleur de l’argent continue toujours à hypnotiser le regard des passants. Les services de l’agitprop, tout comme les militants, l’ont vite compris et s’en servent comme un appât. Le fric, l’oseille, et la fraîche ont décidément, hier comme aujourd’hui, un fort pouvoir d’attraction. Celui qui trouve au sol, myope ou pas, un billet n’y résiste pas, le ramasse, l’examine, puis le lit. Zut ! C’est un faux. Le tract de faux billet, pastiché ou en surimpression, devient, à partir des années 20, un grand classique de la propagande. Tous les partis et syndicats vont émettre de fausses coupures. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’ensemble des propagandistes s’y emploie. Les spécialistes de l’office américain des services stratégiques racontent que le succès de ces billets de pacotille coule de source. Ils affirment que le citoyen, même le plus intègre, dans un réflexe pavlovien, se
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