« Mon taf m’a conduit jusqu’à l’Elysée »

Rachid Kasri a été le chauffeur et le garde du corps de François Hollande lorsqu’il était premier secrétaire du Parti socialiste. Depuis son bureau de la rue de Solférino, celui qui est actuellement chargé de mission raconte son ancien patron, « François », qu’il connaît « par cœur » pour avoir sillonné la France en sa compagnie pendant plus de dix ans. Rétrospective, anecdotes et scènes vécues avec François Hollande, qui n’aimait rien tant que de s’asseoir à la place du mort.

PROPOS RECUEILLIS PAR JULIEN CHABROUT 

« Dans la cité du Bois L’Abbé où je vivais, à Chennevières, dans le Val de Marne, je suis passé par tous les boulots en intérim : le bâtiment, agent de sécurité dans un supermarché, videur de boite de nuit… À ce moment-là, je faisais encore de la boxe, mais j’ai arrêté… à cause d’une fille qui était tellement belle ! Bref, un jour, un type distribuait des tracts dans un hall pour le PS, il nous a parlé. Je me suis dit qu’il pouvait m’apporter quelque chose. J’étais le seul de la cité à ses réunions, le seul issu de l’immigration aussi. J’avais la vingtaine à peu près et j’avais envie sortir de la cité, de rencontrer d’autres gens, d’autres cultures. 

Par le biais de cette personne, j’ai travaillé au Conseil général du Val de Marne, au groupe socialiste et rejoint le service d’ordre du PS. J’ai alors appris que François Hollande cherchait à recruter un chauffeur parce que l’ancien, Armand, partait à la retraite. Un chauffeur dans un parti politique, ce n’est pas un job en intérim, c’est un homme de confiance, on se méfie des « taupes ». Il sera en effet amené à entendre des choses. Je suis donc devenu chauffeur permanent de Hollande un an après son installation à Solférino. On alternait une semaine sur deux avec le second chauffeur, Bruno Riquez, et pendant ma semaine de repos, je continuais à participer au service d’ordre du PS bénévolement. Je faisais sa sécurité et j’étais chauffeur en même temps.

Lui et moi, on s’est très bien entendu. C’est comme si c’était une continuité entre nous. Je ne connaissais pas à fond ses habitudes, mais sa secrétaire m’avait renseigné, par exemple sur le fait qu’en voiture, il monte devant et pas derrière. Ça s’est fait normalement, naturellement, le courant est vite passé. Il l’a vu direct, de toute façon. Je l’appelais François, lui m’a toujours tutoyé. Au début, j’ai eu du mal, je le vouvoyais, mais ça n’a pas duré longtemps.

Il avait des habitudes, ses chemins aussi. Il me disait de passer par là, alors je passais par là. En général, il avait raison. Quand on allait en province, on téléchargeait des feuilles, il ne faisait pas confiance au GPS. Il a fini par accepter les technologies, mais pas tout de suite. On prenait l’autoroute pour aller en Corrèze : A71, A20, la sortie Tulle, on passait Limoges… Pour 500 bornes de trajet, on va dire qu’on mettait 4h30… Y a des routes que je connaissais par cœur… mais je les ai oubliées. C’est normal que tu les oublies, elles sont vicieuses, bombées,

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