MAM… Malgré ce surnom affectif, les journalistes l’ont souvent présentée comme une femme « sévère », « rigide », « une dame de fer ». « Être ministre de la Défense ne se prête pas à faire des pirouettes ou à chanter à tue-tête dans la rue », se défend-elle. Dans cet entretien à Charles, Michèle Alliot-Marie fend l’armure et raconte, − « parce que si je ne le fais pas maintenant, quand le ferai-je ? » − ses cinq années dans son ministère préféré rue de Brienne, ses relations avec Chirac et Villepin, mais aussi la nuit où elle a été Premier ministre.
PROPOS RECUEILLIS PAR CÉSAR ARMAND
PHOTOS PATRICE NORMAND/LEEXTRA
En 2002, vous êtes la première femme nommée ministre de la Défense. Qu’est-ce qui selon vous a poussé Jacques Chirac à vous nommer à ce poste ?
J’avais 18 ans la première fois que nous nous sommes rencontrés, car mon père était député RPR (Bernard Marie, 1918-2015, maire de Biarritz de 1977 à 1985, député des Pyrénées-Atlantiques de 1967 à 1981 – NDLR). Jacques Chirac m’a lancée en politique alors que je n’avais pas du tout cette intention au départ. Nous nous connaissions depuis longtemps quand il m’a nommée. Il n’ignorait pas mes convictions et avait le sentiment qu’elles correspondaient aux attentes des militaires. Je me souviens très bien de son appel. C’était un samedi et j’étais assise à mon bureau de maire de Saint-Jean-de-Luz (de 1995 à 2002 – NDLR). Je lui ai rétorqué : « Vous savez ce que vous faites ? » (Ce à quoi il m’a répondu : « Oui, je suis sûr que tu as ce qu’il faut pour que ça se passe très bien avec les militaires. » Je n’ai rien dit à personne jusqu’au lundi, car je sais très bien qu’entre-temps, il y a toujours des négociations et donc des possibles changements. Pour Jacques Chirac, la Défense était une préoccupation majeure, une incarnation de l’État. Dès le premier jour, il m’a confié trois missions : faire la loi de programmation militaire, mettre sur pied l’Europe de la Défense et redonner le moral aux militaires.
Qu’est-ce que ça veut dire, « ce qu’il faut » ?
… Sans doute un certain caractère. Il utilisait toujours une expression de sa région : « Tu es aussi souple qu’un verre de lampe » (Rires), car il savait que je défendrais mes convictions jusqu’au bout, et qu’on ne pourrait pas me faire changer d’avis sans de vrais arguments. Souvenez-vous que nous nous étions heurtés auparavant. En 1999, j’avais été élue à la tête du RPR, malgré son scepticisme et contre la volonté de tout son entourage. De même, je m’étais opposée à lui sur un certain nombre de sujets, et notamment sur les quotas féminins dans les assemblées parlementaires. Il estimait que mon caractère me donnait des moyens ̶ je n’ose pas dire « de qualités » ̶ pour défendre les militaires. J’ai su par la suite qu’il avait d’ailleurs demandé l’avis de militaires, notamment de son chef d’état-major particulier. Lorsque Jacques Chirac lui a dit qu’il avait l’intention de nommer une femme, ce dernier l’a mis en garde : « Ah non, ce n’est pas possible, les militaires ne l’accepteront pas », mais le président a
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