Le haut fonctionnaire socialiste a été ministre de l’Économie et des finances à deux reprises. D’abord sous François Mitterrand, dans le gouvernement de Pierre Bérégovoy, entre 1992 et 1993. Et surtout pendant la deuxième partie du quinquennat précédent, sous François Hollande, en tandem avec un certain Emmanuel Macron. L’ancien maire d’Argenton-sur-Creuse reçoit Charles dans ses nouveaux bureaux — pas encore aménagés —, qu’il partage avec l’ex-président de la République, rue de Rivoli, à Paris. À deux pas de l’Assemblée nationale, il raconte Bercy avant le passage à l’euro, sa passion pour la numismatique et esquisse son bilan.
PAR MATHILDE SIRAUD
PHOTOS TOM BUISSERET
Vous avez incarné un socialisme plutôt réaliste et pragmatique lorsque vous étiez aux responsabilités… Vous avez pourtant gravité à vos débuts dans des cercles très à gauche…
En mai 1968, j’étais élève au lycée Henri IV, j’ai participé à des manifestations, mais plutôt en queue de comète. Quand je préparais Normale Sup, j’étais très intéressé par la politique et j’ai adhéré tout de suite au Parti socialiste. J’ai commencé, c’est vrai, tendance Chevènement, à la gauche du parti. À cette époque, le siège était place du Palais-Bourbon, j’y suis allé pour demander dans quelle section je devais adhérer, à Argenton-sur-Creuse d’où j’étais originaire. Et là, André Laignel me dit : « Attention ! C’est une section Ceres à Argenton-sur-Creuse ! » (Ancien courant de l’aile gauche du PS — NDLR). Mais à partir du congrès de Metz, en 1979, je suis devenu un rocardien actif et convaincu.
Dès cette époque, vous développez donc une vision réaliste de l’économie…
C’est vrai que les débats partaient beaucoup plus à gauche. Le mantra, c’était la nationalisation, dont on ne parle plus vraiment aujourd’hui. Ce n’était pas l’alpha et l’oméga pour moi. Le discours de Rocard m’intéressait pour son réalisme économique et son ambition sociale. Il disait : « Ce n’est pas à l’État de fabriquer des chaussures, mais c’est le marché qui les fabrique. » Je me retrouvais bien dans ces propos. L’ambition sociale était l’autogestion, la participation des salariés à l’entreprise. La bataille interne au PS était très organisée autour de la conception de l’économie. J’ai toujours été dans la vérité des faits, et très vite pro-européen.
Au risque de passer pour un droitier au
Profitez de tous les articles de Charles en illimité !
Inscrivez-vous et bénéficiez de 8 semaines d’essai gratuit sans aucun engagement. Acheter l'article Tout Charles en illimité
Vous avez déjà un compte ? Identifiez-vous
Vous voulez lire la suite ?
Recevez chaque semaine Charles l'hebdo
pour 3€
L’hebdo, les podcasts, le site
Dès 6€ / mois