Les bébés Chirac

Les bébés Chirac sont légion. Il les a repérés, formés, avant de leur mettre le pied à l’étrier. Certains sont passés à gauche, comme Dominique Versini ou Jean-Luc Romero. D’autres ont été adoptés en Sarkozie, telle Valérie Pécresse. Ou bien sont restés fidèles au Maître (Hervé Gaymard) en soutenant aujourd’hui Alain Juppé. Mais tous racontent le même Chirac humaniste, obsédé par la carrière politique de ses poulains qui doivent tous avoir une députation ou une mairie, sans quoi ils ne peuvent prétendre à l’existence politique.

PROPOS RECUEILLIS PAR MATHILDE CARTON
PORTRAITS RENAUD MONFOURNY 

Christian Jacob

55 ans

Président du groupe UMP à l’Assemblée nationale

« Je dois ma vie politique à Jacques Chirac. C’est lui qui est venu me chercher en 1988 lorsque j’étais au Centre national des jeunes agriculteurs (CNJA). J’étais alors en opposition avec le président du CNJA, ce qui avait été repris dans la presse agricole ‒ à laquelle Chirac est toujours attentif. Je reçois un appel : “J’entends beaucoup parler de vous et pas forcément en bien. J’aimerais qu’on se connaisse.” Chirac venait de faire une campagne présidentielle contre Mitterrand, il avait été deux fois Premier ministre, il était maire de Paris depuis 1977… et pourtant il s’intéressait à la CNJA ! Je me suis présenté à l’Hôtel de Ville avec mon costume du dimanche et mes chaussures vernies. Le courant est tout de suite passé. Il m’a demandé de le tutoyer. On s’est revus régulièrement jusqu’en 1994 où il m’a proposé d’être député européen, numéro 4 sur la liste RPR / UDF.

Une fois à Strasbourg, j’intègre la commission Agriculture du Parlement. Je deviens aussi son conseiller agricole. Mais j’étais loin d’être le seul : il avait toujours trois ou quatre conseillers dont il recoupait les informations sans les en informer (rires). C’est probablement ce qui lui permettait un bon jugement sans avoir à se fier aux sondages. Parallèlement, je mène quelques missions pour lui en Afrique. “C’est bien gentil, me dit-il, mais maintenant il faut faire de la politique (rires). Tu dois être député national et il faut que tu ais une mairie”. Le député de ma circonscription, Alain Peyrefitte, devient sénateur en 1995. Chirac l’appelle alors pour appuyer ma candidature. Ça m’a donné un gros coup de pouce. En 2001, je deviens maire de Provins après la démission de Peyrefitte ‒ mais cette fois, j’y suis allé tout seul. Puis en 2002, Jacques Chirac m’appelle au gouvernement.

Il avait la capacité de porter et d’accompagner les jeunes. En 1994, c’était extraordinaire. Tous les chapeaux à plume étaient partis chez Édouard Balladur, favori des sondages pour la présidentielle de 1995. Chirac a alors constitué une équipe de jeunes qui lui étaient tous très attachés. Il y avait alors 20 points d’écart entre lui et Balladur, mais tous les mardis, il nous expliquait comment il allait gagner. On organisait des réunions avec une vingtaine d’agriculteurs, une trentaine d’artisans… où il passait 1h30 avec eux pour comprendre leurs combats. Chirac avait un moral d’acier,

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