Il rêvait de faire de la politique. Pendant treize ans, Jean-Luc Romero fut assistant parlementaire, ainsi que président de l’Association française des collaborateurs parlementaires. Il raconte de l’intérieur ce métier de l’ombre, avec ses joies, ses arnaques et ses impasses.
PAR JEAN-LUC ROMERO
PORTRAIT CAROLINE DE GREEF & ILANIT ILLOUZ
Très jeune, je suis tombé dans la marmite de la politique. Ma famille paternelle a fui l’Espagne franquiste et le frère aîné de mon père fut un militant acharné du communisme. Espagnol installé dans le Pas-de-Calais où les mines de charbon fournissaient du travail à bien des immigrés de la péninsule ibérique mais aussi en provenance d’Italie ou de Pologne, mon oncle Manuel se verra même expulsé de France pour avoir osé militer et manifester alors qu’il n’avait pas la nationalité française. Puis ma mère reprend un café situé – hasard total ! – à côté du siège du député PCF de Béthune et du local du Parti communiste du Pas-de-Calais, sans oublier son organe médiatique dans le Nord de la France, le journal Liberté.
Tout était donc bien parti pour que je devienne un bon militant et surtout un jeune adhérent du Parti communiste. Par esprit de contradiction, crise d’adolescence oblige, mais aussi par fascination pour le Général de Gaulle qui était un de mes héros d’enfance – et oui, ne riez pas ! – je choisis ce qu’on appelle à l’époque la troisième voie : celle qui se situe entre le communisme et le capitalisme.
En 1974, j’ai 15 ans et je décide de me rendre à la permanence de soutien à Jacques Chaban-Delmas. La nuit tombée, seul, sans en informer ma mère, je distribue des tracts dans les boîtes aux lettres et colle des affiches sur un immeuble désaffecté en face du petit café de maman. Chaque matin, les militants et permanents communistes furieux arrachent les affiches de l’ancien Premier ministre de Georges Pompidou en se demandant par quel stratagème des militants viennent les défier aux portes de la permanence du parti. Et surtout pourquoi ils ne les rencontrent jamais, n’imaginant pas une seule seconde qu’un adolescent du bistrot où ils ont leurs habitudes s’empresse de coller des affiches dès qu’ils tournent le dos, partent ou s’enferment dans leur permanence.
À 17 ans, je deviens délégué jeune RPR de la circonscription de Béthune. Un an, plus tard, celui du département du Pas-de-Calais. Avec ce virus de la politique qui me vient, à bien y réfléchir, de cet oncle communiste qui avait la foi du charbonnier dans son idéal et que j’admirais même si, paradoxalement, j’avais aussi choisi de m’opposer à lui. Quoique… Le gaullisme social à cette époque était encore une réalité et s’opposait bien souvent au conservatisme bourgeois d’une UDF composée principalement de notables. Avec cette première responsabilité, l’envie de transformer mon jeune engagement politique en un investissement de vie ne va faire que croître. Peu à peu, j’apprends à connaître les acteurs, les codes de la politique. Difficile au début des années 80 de s’imposer en politique quand on est un jeune issu d’un milieu populaire très modeste et surtout quand on n’a aucune relation proche dans les hautes instances de son mouvement politique.
L’un des mes premiers combats de militant fut celui en faveur de l’abolition de la peine de mort. Déjà les questions de société me
Vous voulez lire la suite ?
Profitez de tous les articles de Charles en illimité !
Inscrivez-vous et bénéficiez de 8 semaines d’essai gratuit sans aucun engagement.
Recevez chaque semaine Charles l'hebdo
Acheter l'article
pour 3€
Tout Charles en illimité
L’hebdo, les podcasts, le site
Dès 6€ / mois
Vous avez déjà un compte ? Identifiez-vous