La Guerre des bulletins

C’est une constante. L’abstention monte, monte, monte… Mais jusqu’où ? Elle était seulement de 16,8 % aux législatives de mars 1978, elle grimpe à 43,7 % en juin 2012 pour un scrutin similaire. Un chiffre record sous la Vème République, un taux jamais atteint depuis les premières élections républicaines. Si l’on additionne les personnes non inscrites sur les listes électorales avec les abstentionnistes, les votes blancs et les bulletins nuls, la majorité élue gouverne avec moins de 20 % des voix. Ce qui pose le problème du bien-fondé des gouvernements en place et plus encore, celui de la légitimité de la gouvernance de l’État. Retour en images sur le bras de fer abstentionnistes-électionnistes.

PAR ZVONIMIR NOVAK

« Quand je vois un mec qui n’a pas de quoi bouffer, aller voter, ça me fait penser à un crocodile qui rentre dans une maroquinerie. » Coluche

Si, à chaque élection ou presque, les commentateurs politiques s’interrogent sur le caractère conjoncturel de la faible participation électorale, les affiches, tracts et cartes postales du passé nous racontent que l’abstentionnisme militant ou de réaction naît au milieu du XIXème siècle avec les premières élections de la République. De grosses poussées de fièvre qui se nourrissent des dérives du système électoral et des travers des représentants du peuple devenus sans plus tarder des politiciens professionnels. Vite jugés par le bon sens populaire, les défauts du système démocratique bourgeois sont aussi analysés par les théoriciens politiques des classes laborieuses.

Le candidat Prométout

De la fin du Second Empire jusqu’à la Première Guerre mondiale, les camelots s’éparpillent dans les rues de Paris comme des nuées de sauterelles. Ces crieurs de journaux, insolents et blagueurs, vendent toutes sortes de papelards qui se moquent sans ménagement, voire avec agressivité, des politiciens et de leurs magouilles. Oui ! Les agissements des professionnels de l’isoloir ne tardent pas à agacer les gens d’en bas. À la tête de cette armée de plusieurs milliers de vendeurs, Napoléon Hayard surnommé « l’empereur des camelots », incarne par sa démagogie et ses manipulations de l’opinion publique, tous les excès du populisme. Citons un exemple parmi tant d’autres :

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