La deuxième mort de Malik Oussekine

La nuit du 8 décembre 1986, Malik Oussekine est matraqué à mort par deux policiers voltigeurs. C’est un crime d’État qui va déstabiliser tout un gouvernement. Utilisé politiquement par les uns et les autres, ce drame va également faire imploser une famille jusqu’alors parfaitement intégrée. Récit d’une malédiction.

PAR LAMIA BELHACENE
PORTRAITS NOLWENN BROD 

Elle est républicaine, la visite funèbre, en ce mardi 8 décembre 1986. Plongés dans la douleur du drame qui vient de se produire, les Oussekine accueillent pour commencer, à leur domicile de Meudon-la-Forêt, les amis et voisins. Tout le monde demeure silencieux. Malik Oussekine, le petit dernier de la fratrie vient de mourir matraqué par deux policiers du peloton voltigeur motocycliste (PVM) en marge d’une manifestation contre le projet de loi Devaquet. 

La France entière est bouleversée. 

Les étudiants crient leur rage au gouvernement Chirac. On a tué l’un des leurs. Un étudiant de 22 ans. Et les mots sont rudes : « L’État assassine. » 

Le président Mitterrand fait alors le déplacement pour rencontrer la famille de Malik accompagné de Jacques Attali, son conseiller spécial, et de Jean-Louis Bianco, secrétaire général à l’Élysée. François Mitterrand est venu saluer les parents d’un étudiant, mais aussi une famille dont les parents sont immigrés. Le chef de l’État est venu exprimer sa « solidarité » aux Oussekine. 

Comme s’il voulait expliquer la mort de Malik, ou tout du moins essayer de lui donner un sens, François Mitterrand appelle les Oussekine à être attentifs face au « racisme et à la xénophobie ». La famille semble touchée par le message du président de la République et lui demande en retour d’ « aider les immigrés à vivre dans la dignité en France. » 

« Mitterrand qui va s’émouvoir pour un petit rebeu ?(Rires) Savez-vous ce qu’il a fait durant la guerre d’Algérie en 1961 ? » ironise Sarah, la grande soeur de Malik avant de concéder que la visite du président de la République en 1986 « avait quand même quelque chose de rassurant. Je commençais à être complètement dégoûtée de la France. » 

La France, Miloud Oussekine, le père de Malik, l’a découverte pour la première fois durant la Seconde Guerre Mondiale. Il en défend les couleurs mais ne tarde pas à retourner en

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