Le Parti pirate a débarqué par surprise au printemps dernier, avec 102 candidats à l’abordage des législatives. Comment créer un parti et mener campagne quand on n’a jamais mis le pied sur le terrain politique ? De leurs débuts autour d’une bière en 2006 dans un café parisien jusqu’à leur université d’été 2012 au camping de Saint-Yriex-la Perche, voici l’épopée de ce parti qui désire réinventer la démocratie. Avec pour devise : « Ni de droite, ni de gauche : devant ».
PAR MATTIS MEICHLER
De la toile à l’isoloir
Paris, place d’Italie, par une soirée glaciale du mois de décembre 2006. Réfugiés dans la chaleur d’un café, forcés d’élever la voix pour couvrir les exclamations des clients rivés devant un match de foot, quatre pirates refont le monde. Ils se rencontrent pour la première fois, mais discutent depuis des mois sur Internet, sous leurs pseudos : Rackham, Floyd, Xyleborus, Ravachol. Réunis autour d’une bière, ils s’apprêtent à se lancer dans une longue aventure : la création d’un Parti pirate en France.
L’idée a germé dans la foulée de la naissance en Suède, en janvier, du Parti pirate originel. Imaginée par un ingénieur informatique, Rick Falkvinge, cette formation qui prône la défense des libertés sur Internet fait beaucoup parler d’elle dans les communautés geek et technophiles. Au mois de juin, un certain « HPK » lance le site du Parti pirate français, dont la naissance est annoncée dans la foulée via un enregistrement sonore diffusé par LCI. On y entendait des voix trafiquées, genre séparatistes basques, avec un discours radical se résumant à “laissez-nous télécharger des MP3 tranquilles”. En quelques mois, le forum attire près de 28 000 abonnés. «On discutait beaucoup, ça partait un peu dans tous les sens», se souvient Rackham.
En novembre, des tensions apparaissent entre partisans d’un discours plus modéré et « radicaux », dont Xyleborus, qui partent créer un « Parti pirate canal historique », emportant le nom de domaine, l’hébergement du forum et surtout ses abonnés. Tout est à refaire pour ceux qui restent. «J’ai pris un nom de domaine (l’actuel partipirate.org) à mon nom et Pers un serveur, explique Floyd. Il a fallu récupérer les contenus que nous avions créés, refaire venir les membres. Cela a été un vrai coup dur pour nous. »
Après la réunion fondatrice de la place d’Italie, ils sont une douzaine à se lancer dans l’élaboration des statuts du Parti Pirate, avec l’objectif de participer à des élections. Ce qui leur vaudra la visite de représentants du Parti pirate suédois. «Ils sont venus nous voir de manière très informelle, sans doute pour s’assurer que nous n’étions pas une bande de dangereux
Profitez de tous les articles de Charles en illimité !
Inscrivez-vous et bénéficiez de 8 semaines d’essai gratuit sans aucun engagement. Acheter l'article Tout Charles en illimité
Vous avez déjà un compte ? Identifiez-vous
Vous voulez lire la suite ?
Recevez chaque semaine Charles l'hebdo
pour 3€
L’hebdo, les podcasts, le site
Dès 6€ / mois