« Mon ennemi, c’est la finance ! » avait déclaré le candidat Hollande en course pour la présidentielle. Il était alors alimenté en notes par une jeune spécialiste en macroéconomie issue de Polytechnique : KARINE BERGER. Élue députée dans la foulée de son héros, elle parvient à se glisser dans la très réservée commission des finances, mais veut devenir rapporteure de la grande loi économique de gauche : celle de la séparation bancaire, qui permettrait de lutter contre ce qu’on appelle, c’est éloquent, « la finance casino ». Spolions tout de suite l’affaire : Karine Berger n’y arrivera pas. Pour Charles, elle a accepté de raconter les coulisses de cette défaite historique de la gauche au pouvoir contre les puissances économiques. Récit.
PAR MATHIAS THÉPOT
PHOTOS NADÈGE ABADIE
19 juin 2012. Six semaines après l’élection de François Hollande à la présidence de la République, le verdict des élections législatives assure au Parti socialiste d’avoir les coudées franches. Il a désormais la majorité aux deux chambres du Parlement, dirige les plus grandes régions, la plupart des grandes villes et des départements de France. Après dix ans de droite, tout est donc réuni pour qu’un virage politique s’opère à gauche.
Élue députée dans la première circonscription des Hautes-Alpes, la socialiste Karine Berger découvre le luxe du palais Bourbon, l’hémicycle, ses salons, sa bibliothèque et ses décors réalisés par des grands noms de l’art français. Impressionnée par le poids de l’histoire dans ces lieux, cette polytechnicienne de 39 ans emménage dans son bureau rue de l’Université, avec l’idée de « ne pas trop se faire remarquer ». Pourtant, son curriculum de macro-économiste relate des passages dans la haute administration de Bercy ainsi que dans le secteur privé en tant que cheffe économiste chez l’assureur crédit Euler Hermes. De quoi lui conférer une légitimité singulière en ces temps où l’économie prend de plus en plus de place.
La campagne menée par François Hollande a d’ailleurs beaucoup tourné autour de ces thèmes : renégociation du Pacte de croissance européen, amélioration du pouvoir d’achat des Français, rétablissement de l’équité fiscale et grande réforme de la finance : le candidat a beaucoup promis en matière d’économie. Il se murmure dans les couloirs de l’Assemblée que Karine Berger va rapidement prendre des galons. D’autant qu’elle s’est engagée à plein-temps au côté de François Hollande pour mener campagne, lui rédigeant plusieurs dizaines de notes. Elle a d’ailleurs la ferme intention d’apporter son expertise sur les
Vous voulez lire la suite ?
Profitez de tous les articles de Charles en illimité !
Inscrivez-vous et bénéficiez de 8 semaines d’essai gratuit sans aucun engagement.
Recevez chaque semaine Charles l'hebdo
Acheter l'article
pour 3€
Tout Charles en illimité
L’hebdo, les podcasts, le site
Dès 6€ / mois
Vous avez déjà un compte ? Identifiez-vous