Jean Montaldo : « Chirac aurait dû finir comme Madoff ! »

Un jour, il a dit : « J’ai la satisfaction d’être la seule personne qui puisse vivre honnêtement et même s’enrichir de la corruption. » Légende du journalisme d’investigation pour les uns, pamphlétaire réac’ pour les autres, Jean Montaldo a connu la gloire dans les années 1990 avec son Mitterrand et les quarante voleurs, écoulé à plus d’un million d’exemplaires. Un best-seller venu couronner une carrière dédiée à la traque des rapports corrompus entre le pouvoir et l’argent. Cet été, Jean Montaldo a reçu Charles dans sa villa de Saint-Rémy-de-Provence. À 74 ans, il n’a rien perdu de son mordant.

PROPOS RECUEILLIS PAR GHISLAIN DE VIOLET ET ARNAUD VIVIANT
ILLUSTRATIONS JOCELYN COLLAGES

Combien vous a-t-on proposé pour garder vos révélations pour vous ?

À vrai dire, je n’ai connu que deux tentatives de corruption dans ma carrière. La première, lors de la publication de mon premier livre, Les Corrompus, en 1972. J’y impliquais le député emblématique de Lyon, le gaulliste Édouard Charret – qui était marié à une secrétaire de Mme de Gaulle –, et des dirigeants de la police nationale : le chef de la brigade antigang de Lyon, le chef de la brigade des mœurs et le chef de la Sûreté nationale, qui s’appelait Henry Tarniquet. Tous ces gens étaient en cheville avec ce que j’appelais à l’époque « le gang des Lyonnais », qui disposait dans le Rhône et sa vallée d’un redoutable réseau de bordels d’abattage d’environ 350 maisons closes. J’avais prouvé la collusion de ces hauts dirigeants avec tout à la fois le pouvoir gouvernemental et la justice pour échapper aux poursuites. Tarniquet m’a faitapprocher par un ancien journaliste à la retraite qui m’aimait bien. Corse et officier de la Légion d’honneur, cet ancien résistant m’a offert un paquet de blé dans un petit restaurant à côté du Bon Marché, à Paris, où j’avais mes habitudes. Il est arrivé avec une valise de biftons, qu’il a mise sur la table. De mon côté, j’étais venu avec un ami photographe, qui était aussi mon garde du corps. Parce que comme vous voyez, je mesure 1,12 mètre monté sur un cheval, les bras en l’air… Et donc là, je fus bien inspiré de grimper sur la table du restaurant et d’apostropher le type en hurlant : « Cet homme essaie de me corrompre ! Cette valise est pleine d’argent, pour m’acheter et me faire taire ! Dehors ! » Il est parti, évidemment. J’ai appris vingt-cinq ans plus tard, par un truand repenti, que si j’avais pris l’attaché-case, j’aurais été abattu à la sortie du restaurant. Les truands du gang des Lyonnais auraient

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