Le cousin de Dominique de Villepin est tombé en politique par hasard, dans la roue de son mentor Jacques Chirac, qui va le conduire jusqu’au sommet : l’Assemblée nationale puis le gouvernement. Mais après trente ans de bons et loyaux services, Frédéric de Saint-Sernin retourne dans le privé, pour devenir Président. D’un club de foot.
PROPOS RECUEILLIS PAR MATTIS MEICHLER
PORTRAITS SAMUEL GUIGUES
Vous êtes président du Stade Rennais, après une carrière politique qui vous a mené à l’Assemblée nationale et au gouvernement. Pourtant, rien ne vous destinait à un tel parcours, puisque vous avez commencé dans la lessive.
Je faisais du marketing, et la politique m’intéressait en tant que citoyen. J’ai toujours aimé la chose publique, sans pour autant avoir eu l’idée d’en faire. En 1986, j’ai obtenu un poste de directeur de la communication à la mairie de Grenoble, avec Alain Carignon, grâce à une candidature spontanée. Dans les années 80, la communication politique était un métier nouveau.
Comment vous êtes-vous retrouvé dans le cercle des proches de Jacques Chirac ?
Villepin m’a présenté Chirac dans les années 80. En 1988, quand ce dernier a composé son équipe pour la présidentielle, il m’a proposé de venir à Paris pour travailler au QG de campagne. Puis, quand il a été battu par Mitterrand, il m’a demandé de rester avec lui à la mairie de Paris. J’étais sur les sujets de communication et j’ai suivi les sondages pour le RPR, dont Chirac était alors le président. En 1989, il y avait les rénovateurs, Fillon, Séguin, Noir, Carignon, Madelin, Léotard… Ils voulaient dégager Giscard. En 1990, Pasqua et Séguin attaquèrent Chirac, alors président du RPR, sur le thème « Refondons le RPR, le mouvement gaulliste a perdu ses valeurs. » Ces trucs-là, moi, j’y comprenais rien et je m’en foutais. Face à ces attaques, Chirac avait besoin d’avoir des gens un peu partout, et il m’a dit qu’il avait besoin de nouvelles têtes. Il me dit : « T’es originaire de la Dordogne, si ça t’intéresse, va faire de la politique là-bas. » Je n’étais pas du tout destiné à ça. Je me suis retrouvé à Périgueux, dans le bureau du secrétaire départemental du RPR, qui m’a dit : « On va te présenter aux élections cantonales dans un an et demi pour devenir président du Conseil général. » Le canton, ce n’était même pas mon bled d’origine, le président du Conseil général était une immense personnalité : je ne savais pas du tout à quoi m’attendre.
Et finalement, qu’est-ce qui vous attendait ?
Ma campagne cantonale 1991-1992, dans un petit canton rural, a été l’expérience la plus formatrice de toute ma vie, celle qui m’aura le plus changé sur le plan personnel. J’étais inconnu, et en plus j’avais tout contre moi. J’avais une particule, j’étais considéré comme un apparatchik du RPR, j’étais de droite dans un canton totalement à gauche, j’avais une belle petite tête… et j’étais face à un rouleau compresseur socialiste. Là, je me suis dit : soit je finis au second tour à 45%, soit j’essaie d’être moins ridicule. Et là, les gens vous donnent
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