François Georges : « On fait un métier d’imbécile, mais qui demande de l’intelligence »

L’historien Michel Winock le surnomme « le secret hère de la République ». L’écrivain très discret en effet qu’est François George fut très longtemps secrétaire des débats à l’Assemblée nationale. Dans ce texte inédit, il évoque la figure de son prédécesseur, Jean Pouillon, lui aussi écrivain, lui aussi proche de Jean-Paul Sartre. Ainsi qu’un temps aujourd’hui révolu où, au compte rendu intégral des débats parlementaires, se juxtaposait son compte rendu « analytique » : soit l’art de faire réécrire par des normaliens les discours tels qu’ils auraient dû être proférés par des élus. Le soleil de la démocratie.

PAR FRANÇOIS GEORGE

Il était une fois, à l’École normale supérieure, deux amis. L’un acceptait, au moins à titre temporaire, de faire carrière dans l’enseignement, l’autre s’y refusait. Le premier, qui s’appelait Jean-Paul Sartre, devint célèbre ; le second, Pierre Guille, demeura inconnu – du moins jusqu’à aujourd’hui – le titre de directeur des comptes rendus analytiques n’étant pas validé hors de l’enceinte du Palais Bourbon. Telle fut en effet la position qu’occupa Guille en fin de carrière. Je me garderai

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