François de Rugy : «Pour être respectée, l’Assemblée nationale doit être respectable»

Nul ne peut dénier à François de Rugy une connaissance approfondie des rouages de l’Assemblée nationale, lui qui fréquente le palais Bourbon depuis vingt ans à divers titres. Mais le voilà maintenant président, et pas n’importe lequel : celui qui doit assurer une réforme constitutionnelle qui verra le nombre des députés chuter d’un tiers en 2022. Dans cette longue interview pour Charles, il répond précisément à tous ceux qui s’inquiètent d’un déficit démocratique dans la vie politique française. En revanche, rien ne dit qu’il passera la main à mi-mandat.

PROPOS RECUEILLIS PAR CÉSAR ARMAND
PHOTOS SOPHIE CARRÈRE

Vous avez découvert l’Assemblée Nationale entre 1997 et 2002 en tant que secrétaire général adjoint du groupe Radical, citoyen et vert. Imaginiez-vous à cette époque que vous en seriez un jour le Président ?

J’ai effectivement découvert l’Assemblée nationale et son fonctionnement comme collaborateur de groupe parlementaire. Contrairement à ce qu’en disent parfois ceux qui n’ont jamais exercé cette fonction, c’est un vrai travail, très prenant, dans l’ombre des députés. J’ai eu la chance de le faire à une époque où il y avait à la fois une alternance politique et une période de cohabitation. L’Assemblée nationale était alors au cœur du pouvoir. Je travaillais au service d’un groupe pluraliste dans lequel siégeaient pour la première fois des députés écologistes. J’étais malgré tout à mille lieues de penser que je pourrais, un jour, être président de l’Assemblée nationale. En revanche, en tant que président de l’Assemblée aujourd’hui, je n’oublie pas cette période. J’aurai été successivement collaborateur parlementaire, député de l’opposition, député de la majorité, membre d’un petit groupe, non-inscrit et membre d’un grand groupe. Cela me permet d’appréhender les multiples facettes de la réalité parlementaire. Tout cela m’est très utile dans ma fonction actuelle.

De quand date votre envie d’accéder à cette fonction ?

Reprenons les choses dans l’ordre. À l’automne 2016, ayant exercé deux mandats de député – le premier dans l’opposition, le second dans la majorité –, je m’étais posé la question de savoir si je me représenterais aux législatives. J’avais, d’une certaine manière, le sentiment que notre pays se trouvait dans une impasse politique. La majorité dont j’étais issu s’était choisi un candidat dont je ne partageais quasiment aucune des propositions. La candidature de Benoît Hamon illustrait une dérive gauchiste que j’avais précisément dénoncée dans un livre, quelques mois auparavant. On s’orientait vers une énième confrontation artificielle entre deux camps plus occupés à cultiver leurs antagonismes qu’à tenter de trouver des solutions concrètes et pragmatiques aux difficultés du pays. Et tout cela, sous la menace de populismes dangereux… Si l’on se souvient de la fin du quinquennat de François Hollande, les perspectives politiques n’étaient ni claires ni enthousiasmantes. La candidature d’Emmanuel Macron et sa volonté de rassembler largement en dépassant les clivages partisans traditionnels a changé la donne. Lorsque je l’ai rejoint, les sondages ne le plaçaient pas au second tour de la présidentielle. Mais c’était pour moi l’aboutissement naturel d’une réflexion entamée depuis des années.

Comment vous y êtes-vous pris pour accéder à ce poste ?

L’idée a cheminé en moi. Sachant qu’il y aurait beaucoup de députés novices, j’ai pensé que mon expérience pourrait être utile à la fois pour présider, mais aussi pour transformer l’Assemblée. En revanche, je m’étais interdit d’en parler avant la fin des élections législatives. Du reste, cela n’avait pas porté chance à ceux qui l’avaient fait par le passé, en 2012 par exemple. Après les élections, j’ai donc officialisé ma candidature en disant : « J’ai réfléchi à un certain nombre de réformes et de transformations de l’Assemblée avec un programme de travail. C’est sur cette base que je me présente devant vous, députés du groupe majoritaire dont je suis issu, mais aussi devant l’ensemble des députés. »

Pourquoi avoir annoncé remettre en jeu votre mandat alors que la Constitution précise que c’est pour la

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