Jeune assistant parlementaire du radical Michel Crépeau qui lui confiait alors la responsabilité du choix ses restaurants, Jean-Vincent Placé a été formé à la gastronomie en même temps qu’à la politique. Aujourd’hui sénateur trois étoiles, il est le seul écologiste à déjeuner aux meilleures tables avec de grands patrons. Et celui qui peut s’offrir le luxe de refuser de dîner dans un ministère, au seul prétexte que le poisson y est cuit à la vapeur. Qui a dit : menus plaisirs ?
PAR ARTHUR NAZARET
PORTRAITS ARNAUD MEYER
Jusqu’à Brive-la-Gaillarde, le train c’est long. Alors, Jean-Vincent Placé potasse. Il a emporté son petit livre rouge à lui : le guide Michelin. « Il n’arrêtait pas de le lire compulsivement » s’amuse encore le secrétaire national adjoint d’EELV, David Cormand. Notre sénateur ne voyage jamais sans. Car un déplacement c’est un repas, et il se trouve que pour lui un repas c’est sacré. Venu à Brive pour soutenir un candidat aux municipales, il se rend immédiatement au marché. On ne lui a pourtant rien demandé. Il raconte: « Le marché de Brive, c’est fabuleux et en même temps c’est terrible ! Très révélateur de ce qu’est devenu le monde agricole. D’un côté, il y a des vieux de 80 balais qui touchent 400 euros de retraite par mois et qui font de la patate à 90 centimes le kilo. De l’autre côté, des stands de truffes. Tu vois alors deux mondes. » Quand le sujet le passionne, Placé s’emballe et le tutoiement lui vient facilement. « Le gars de la truffe était petit et gros, l’autre grand et famélique. » Mais rapidement, sous Bourdieu, perce Rabelais. « Les truffes sont beaucoup moins chères qu’à Paris où c’est 120, 130 euros les 100 grammes. Là-bas, c’est 85 euros! Tu gagnes quand même 35 euros. Donc si tu en achètes 500 grammes, tu gagnes 200 euros. Et je peux te dire que c’est de la vraie de chez vrai !» L’homme sait de quoi il parle : il est membre de l’association de la truffe au Sénat, Chaque année, début février, dans l’un des salons du Palais du Luxembourg, un repas célèbre cet or noir qui ne doit rien au Qatar. L’an passé, après des poèmes à la gloire de la truffe lus par le président de l’association devant un membre du cabinet de Stéphane Le Foll, la dégustation peut commencer : « Tartare de bar à l’huile de noix et truffes fraîches /
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