C’est l’histoire d’un giscardien du Poitou qui aura infiltré sur ordre de son chef le pays ennemi, la Chiraquie. Au point de finir un jour à Matignon, où nul ne l’attendait. Une fois nommé Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin deviendra un infaillible soutien du président Chirac, et réciproquement. Un ami de la famille qui tiendra bon, malgré l’agitation de quelques forcenés dans son gouvernement.
PROPOS RECUEILLIS PAR MATHILDE SIRAUD
PORTRAITS ARNAUD MEYER
Votre histoire avec Jacques Chirac est ancienne, et s’est construite lentement. Racontez-nous les tout premiers moments.
J’ai rencontré Jacques Chirac quand j’étais secrétaire général des jeunes giscardiens dans les années 1970. À ce moment-là, il construit ce qui sera son opposition à Valéry Giscard d’Estaing. Pendant toute ma jeunesse politique, je suis partagé entre l’image qu’a Chirac chez les giscardiens− l’image de quelqu’un de peu réfléchi, d’assez brutal, plutôt court-termiste − et celle qu’en a mon père, un dirigeant agricole qui éprouve pour lui une très profonde estime. Je suis donc partagé entre ma piété filiale et mon sacerdoce giscardien !
Valéry Giscard d’Estaing est ensuite élu président de la République. Jacques Chirac est le Premier ministre et les relations se compliquent. Quel rôle avez-vous joué entre les deux hommes ?
En 1974, pendant la campagne, je vais à une ou deux réunions où Jacques Chirac est présent. Je suis ensuite reçu avec Dominique Bussereau au mois d’avril 1975 : Chirac est à Matignon, et nous venons de perdre les cantonales. La tension est réelle entre Giscard et Chirac. Il nous reçoit pour nous expliquer qu’il est le dernier rempart pour le président. Et que tous ceux qui le critiquent ne se rendent pas compte qu’il lui sert en fait de bouclier. Il essaye de nous convaincre que sa situation n’est pas du tout celle d’un rebelle mais au contraire d’un soldat au service de son chef. Mais nous avions été convoqués dès 7 heures du matin ce jour-là par le ministre de l’Intérieur Michel Poniatowski qui nous avait expliqué que la volonté de Chirac était de déstabiliser Giscard. Nous avions donc été dopés à l’ « EPO Ponia » avant même de voir Chirac.
Les débuts sont donc plutôt difficiles entre vous et Jacques Chirac.
Pendant toute cette période j’en ai beaucoup voulu à Chirac et aux chiraquiens de 1981 qui n’ont pas facilité la réélection de Giscard. Mon contact avec la chiraquie d’une manière générale n’était pas évident, c’était une période très difficile, je faisais partie des gens qui étaient très intransigeants vis-à-vis du RPR de l’époque. J’étais un militant UDF très engagé. En 1978, je suis candidat aux élections législatives et je bats en primaire à Poitiers un ancien ministre du RPR envoyé contre moi, André Fanton, qui est par ailleurs un orateur de bonne qualité. Chirac est venu le soutenir à Poitiers. Il fera une salle exceptionnelle, mais en janvier, longtemps
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