De Guy se moque-t-on ?

Attention ! Ce qui est écrit ici peut être considéré par certains comme blasphématoire et risque de valoir à son auteur des représailles. Car l’écrivain, l’artiste, le cinéaste et révolutionnaire Guy Debord fait l’objet d’un culte qui ne souffre aucune discussion. Pourtant cet acteur clef de mai 68 d’après nos spécialistes va passer directement du statut de maudit à la reconnaissance officielle de l’intelligentsia française, avec une exposition à la Bibliothèque nationale de France. Un de plus, me direz-vous, mais celui-là est vraiment parti de très loin.

PAR ZVONIMIR NOVAK

L’aventure debordienne commence en 1952, quand quelques jeunes lettristes poussés par l’envie d’engager leur mouvement plus avant dans l’action politique, provoquent une scission. Guy Debord, totalement subjugué par les surréalistes, imite la scène de rupture jouée en son temps par André Breton et le mouvement dada. Il organise une inoubliable conférence d’Aubervilliers, qui réunit en tout et pour tout quatre personnes. Évidemment, les comploteurs publient un manifeste, copiant une fois de plus le geste surréaliste, mais avec une notion en plus, celle du jeu. L’Internationale lettriste aussitôt mise en place laisse deviner une forte inspiration marxiste. Cette micro-internationale ne comptera jamais plus de quinze membres, mais elle contient déjà en elle tous les germes du situationnisme. Cinq ans plus tard, c’est fait, l’Internationale situationniste est créée. En quinze années d’existence, l’IS laisse un héritage artistique des plus minces, mais un apport théorique considérable, qui aiguillera la révolution de mai 68.

Que reste-t-il aujourd’hui de cette furia contestatrice? Un patrimoine de la subversion  pure, entassé dans des cartons. Ces archives sont aujourd’hui dévoilées au public à travers une exposition consacrée à celui qui a choisi de faire de sa vie une œuvre d’art. Cette exposition intitulée Guy Debord, un art de la guerre, qui commence le 27 mars pour finir le 13 juillet à la Bibliothèque nationale de France, nous permet de toucher enfin des yeux l’un des paradoxes français.

Mais comment cet agitateur entièrement dévoué à la révolution, l’idole des universitaires rebelles, ce dériveur au long cours, a réussi à forcer l’entrée du temple de la culture ? Car exploit il y

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