Co-scénariste de la série Les Hommes de l’ombre, peinture violente d’une élection imaginaire et succès étonnant du printemps, Dan Franck s’est imposé ces dernières années comme LE scénariste des fictions politiques à la télévision, de Jean Moulin à Bérégovoy en passant par Carlos et Goldman. Retour sur le parcours d’un ancien militant de l’ultra gauche, écrivain à succès, nègre de Zidane et tant d’autres, qui semble s’épanouir dans une condition de passeur et témoin de l’histoire.
PAR PIERRE-SIMON GUTMAN
PORTRAITS RENAUD MONFOURNY
Les Hommes de l’ombre sont bien entendu ces spin doctors et maîtres en image qui dominent le processus électoral, centré ici autour d’un duel présidentiel entre deux politiciens du même clan, après l’assassinat du chef d’État en place. Derrière cette entreprise se tiennent un réalisateur (Frédéric Tellier), un conseiller politique mais surtout un auteur, Dan Franck. Cet écrivain à succès, lauréat entre autres du prix Renaudot, doublonne comme scénariste pour Canal + ou France Télévisions et possède un palmarès déjà chargé en matière de politique et de petit écran : la mini série Carlos, les téléfilms Un Homme d’honneur (sur le suicide de Pierre Bérégovoy), Goldman, Le Rainbow Warrior ou Jean Moulin. Cette position de passeur entre la chose politique et le grand public est de fait idéale pour Franck, tant ce dernier a contracté tôt le virus dévorant de la politique. Une maladie qu’il a ressentie et pratiquée dans bien des milieux ou dans son art, qu’il a évoquée dans des fresques historiques, qu’il a pratiquée du Larzac jusqu’à François Hollande. En rencontrant Dan Franck, en remontant le fil de sa carrière et de ses engagements, on se retrouve donc en face d’un artiste totalement contaminé, et tout à fait prêt à inoculer sa passion aux téléspectateurs de France.
Le militantisme a toujours été central dans la vie de Franck et a totalement consumé sa personnalité d’écrivain : « Je suis un grand bouffeur de presse, d’actualité, de politique et je crois que je serais franchement incapable d’écrire quelque chose qui n’ait pas un rapport avec le social. » La rébellion adolescente de Franck a certes eu lieu, mais certainement pas contre les valeurs paternelles et gauchistes dont il ne s’est jamais éloigné. Sa révolte prend forme, comme à peu près tous ceux de sa génération, avec mai 68.
À l’époque, le futur écrivain n’a que 15 ans, et ne peut donc que regarder de loin les July et autres « grands » de 20 ans pour qui le mouvement constitue l’événement d’une vie, ainsi qu’une passerelle vers le futur. « Je ne supporte pas les gens qui disent que mai 68 n’était rien, juste une occasion un peu festive. Pour nous, même à mon âge, c’était une cassure radicale avec une morale et un mode de vie, avec notre famille aussi. » Franck a beau être jeune, il plonge dans le grand bain de l’époque, organise la grève de son lycée et flirte vaguement avec la JCR (Jeunesses communistes révolutionnaires,). Une adhésion plus accidentelle qu’authentique : « Le porte-parole de la JCR dans mon lycée était en Terminale. Il était également bègue et je me suis dont tout naturellement retrouvé à le remplacer. » L’adolescent va donc visiter les premières loges : la fac de Nanterre, où il découvre choqué les bidonvilles du quartier et croise quelques membres du célèbre (et fondateur) mouvement du 22 mars. L’époque et l’expérience poussent Franck, le motivent. Il veut continuer dans cette voie et, à tout juste 17 ans, il quitte le foyer paternel pour voler de ses
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