CHARLES DE COURSON : «NOUS N’AVONS JAMAIS EU UNE REPRÉSENTATION POLITIQUE AUSSI ÉLITISTE»

Le centriste Charles de Courson entame allègrement son sixième mandat de député de la Marne. Autant dire qu’on ne la lui raconte pas ! C’est à ce franc-tireur, qui n’a pas sa langue dans sa poche, que nous avons demandé, non seulement de raconter sa longue carrière de parlementaire, riche en anecdotes, saillante en propos venimeux ; mais aussi de sonder pour nous les arcanes de cette nouvelle Assemblée profondément renouvelée qui siège depuis un an.

PROPOS RECUEILLIS PAR MARIE-PIERRE BOURGEOIS
PHOTOS MATHIEU GÉNON

Comment votre carrière politique a-t-elle commencé ?

Je suis élu maire de ma commune en janvier 1986, quelques mois avant l’alternance. On la sentait venir à droite, et j’étais alors un fervent partisan de Raymond Barre. Je faisais partie de ceux qui étaient intimement persuadés que la cohabitation allait aboutir à un échec politique. Pas question pour moi de participer à un gouvernement de ce type. Puis mon téléphone a sonné quelques heures après la nomination d’Alain Madelin au ministère de l’Industrie. C’est un inspecteur du budget qui m’appelle et me dit qu’on a besoin de quelqu’un comme moi à Bercy, avec un profil de bon connaisseur des finances publiques. Il insiste, il insiste tandis que moi, je suis chez moi, dans la Marne. Je finis par lâcher que je peux venir à Paris dans la nuit. Cela me laisse un peu de temps pour discuter avec  plusieurs amis, qui me jugent plus utile dans un cabinet ministériel qu’à la Cour des comptes où je travaille alors. Une fois à la capitale, je pose mes conditions. D’abord, je suis élu local, et il n’est pas question pour moi de délaisser mon mandat de maire. Je précise également que je resterais un proche de Raymond Barre. Tout cela semble bien acceptable à Alain Madelin qui, très vite après mon installation au cabinet, prend l’habitude de m’appeler « [son] centriste » !

 Quel souvenir gardez-vous de votre expérience de membre de cabinet d’Alain Madelin ?

On a beaucoup travaillé à cette époque. On a même réussi à réduire le budget du ministère de 15 % ! Ce qui a compliqué la vie du cabinet, c’étaient les relations avec les fonctionnaires de Bercy. Alain Madelin avait même décidé de créer une salle de sport pour eux. « Pendant ce temps, ils n’emmerderont pas, les Français », avait-il l’habitude de dire. Il manquait pourtant à Alain Madelin du charisme, de l’humanité, alors qu’il avait raison contre tous les démagos qui voulaient laisser filer la dette publique. Nous avons gardé de bonnes relations. J’ai fait partie des cinq qui l’ont accompagné pour dîner chez Laurent après l’annonce de son abandon de la vie politique. Je suis ensuite retourné à la Cour des comptes, là où j’ai commencé ma carrière à la sortie de l’ENA. Je n’ai pas demandé à être recasé ailleurs, contrairement à beaucoup de membres du cabinet.

Vous devenez député en 1993, en pleine vague RPR. Votre victoire a-t-elle été une

Vous voulez lire la suite ?

Profitez de tous les articles de Charles en illimité !

Inscrivez-vous et bénéficiez de 8 semaines d’essai gratuit sans aucun engagement.
Recevez chaque semaine Charles l'hebdo

Essai gratuit 8 semaines

Acheter l'article
pour 3€

Acheter

Tout Charles en illimité
L’hebdo, les podcasts, le site
Dès 6€ / mois

S'abonner

Vous avez déjà un compte ? Identifiez-vous

X