En 2008, le bureau de l’Assemblée nationale a décidé de maintenir dans l’hémicycle le port de la cravate obligatoire pour les députés. C’est que, derrière cet accessoire vestimentaire aussi anodin que symbolique, se cachent quelques grandes vérités idéologiques. Marqueur de pouvoir, symbole de distinction sociale ou encore étendard du genre masculin, ce bout de tissu fait depuis près de quatre siècles le récit chamarré de la vie politique française.
PAR ZVONIMIR NOVAK
A l’origine, la cravate est un attribut guerrier. Vers 1630, un groupe de hussards croates qui s’étaient brillamment illustrés au combat, est présenté au roi Louis XIII. Celui-ci remarque un morceau de tissu qu’ils ont noué autour de leur cou, qu’il trouve d’une rare élégance. Bruits de couloir et branle-bas de combat à la cour du roi, tous les gentilshommes veulent désormais porter ce ruban noué qu’ils appellent cravate par déformation du mot Hrvat (qui signifie « croate » en croate) : un mot bien trop difficile à prononcer pour un Français. C’est ainsi que commence une longue histoire d’amour entre notre pays et la cravate. Mais attention ! La cravate telle qu’on la connaît aujourd’hui a été simplifiée dans les années 20 par Jesse Langdorf, un cravatier new-yorkais. Il a l’idée d’en faciliter l’usage et de couper, on ne sait trop pourquoi, ses extrémités en diagonale. Le succès est immédiat et depuis tout le monde porte la même forme de cravate, seules ses dimensions et ses matières fluctuant au gré des modes. Cette normalisation a eu de fâcheuses conséquences, celles de tuer la fantaisie du nœud, un art de la légèreté gratuite défendu avec brio par Balzac ou Mallarmé. On ne le sait plus, mais pas moins de quatorze types de cravates différentes, et autant de variantes, ont donné aux hommes politiques, de la fin du XIXème siècle jusqu’aux années 20, le plaisir de se distinguer les uns des autres avec subtilité. Une carte postale immortalisant des candidats socialistes d’avant la Grande Guerre nous présente une diversité de nœuds, de cravates et de cols de chemise que nous ne connaissons plus aujourd’hui. Il y en avait une pour tout le monde. Noué en nœud
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